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Le p’tit GRIM

Guide pour Rouler Intelligemment en Moto

Bonnes pratiques pour les balades en groupe

ISBN 979-10-415-8272-3

Version 1.0.2 – 10/10/2025

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⚠️ Ce guide est pensé pour les balades de moins de 50 motos, au-delà desquelles une déclaration en préfecture est obligatoire. Il propose des bonnes pratiques issues de l’expérience terrain et n’a aucune valeur légale. L’auteur ne saurait être tenu responsable des conséquences liées à une mauvaise interprétation ou à un usage non conforme à la loi. À chacun de connaître la réglementation et de faire preuve de responsabilité dans l’organisation de ses balades.

Le p’tit GRIM © 2025 par Nicolas DUMAS est publié sous licence Creative Communs Attribution - Utilisation non commerciale 4.0 International. Pour voir une copie de cette licence, visitez

Préface

Bien que la moto soit un moyen de promenade plutôt solo, sa pratique est autrement plus agréable en groupe.

Dès lors comment s’organiser pour rouler à plusieurs, sans moyen de communication ?

Comment anticiper la circulation et rouler en harmonie avec les autres usagers de la route quand plusieurs motos, voire dizaines de motos se suivent, faisant des convois de quelques dizaines, centaines de mètres.

Comment rouler en préservant la sécurité de chacun ?

En participant régulièrement à des balades, on peut constater souvent l’inorganisation, « à l’arrache », bien que des tentatives de sécurisation du convoi soient faites.

J’ai en tête cette dramatique sortie le samedi 14 juin 2025. Un groupe de motards roulait dans les gorges du Tarn, sur la fameuse RD907 bis, Arrivés à destination, à Millau, en fin de journée, un des participants manque à l'appel. Il sera retrouvé quelques temps plus tard, décédé, il avait raté un virage et personne ne s’en est rendu compte !

Il n’est pas question de blâmer les organisateurs, ils font de leur mieux. Non, le problème vient de notre formation lors du permis. Ainsi j’ai cet autre exemple en tête. Mon fils vient de passer son permis, et il me propose d’aller rouler tous les deux. Je fais un trajet et j’ouvre la route. Une fois rentré, il me demande pourquoi parfois je tendais une jambe, ou l’autre ou les deux.

J’ai donc créé une équipe dédiée à la sécurité dans le groupe de motard que je côtoie.

Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et comment mettre en œuvre des principes de sécurité facilement compréhensibles et applicables par tous.

Aussi quand Nicolas m’a parlé de son « Ptit Grim » : Guide pour Rouler Intelligemment en Moto, je me suis dit que c’était exactement ce qu’il fallait pour cette équipe. Et bien au-delà, c’est exactement ce qu’il faut pour toutes et tous, pour toutes les motardes et tous les motards qui souhaitent rouler en groupe, partout. Et ce qu’ils soient organisateurs, bénévoles sécu ou juste participants.

Que ce P’tit Grim devienne un guide à l’usage universel, un socle solide pour la bonne compréhension de la route à plusieurs. J’oserais dire la bible des balades.

Bonne route à toutes et tous, et grâce à ce guide : « Ride Safe ».

Longue vie au P’tit Grim

Sébastien MAZAN, référent sécurité MS 44

Introduction

Ce guide s’adresse à tous les motards qui souhaitent rouler à plusieurs, et bien. Que tu sois débutant curieux, motard confirmé, ou même organisateur occasionnel, tu y trouveras des repères concrets pour mieux comprendre ce qu’implique une balade en groupe.

Pourquoi ce guide ?

Rouler en groupe, ça ne s’improvise pas et ce sujet est peu abordé lors du permis. Ça demande plus que de savoir tenir une moto : il faut comprendre des règles collectives, des gestes codifiés, des rôles précis, et un état d’esprit tourné vers les autres.

Ce guide est né de cette envie :

Partager des bonnes pratiques simples et accessibles, issues de l’expérience, du bon sens, et d’un peu d’inspiration aéronautique.

Il ne s’agit pas d’imposer un règlement, mais de proposer un cadre clair pour que les balades soient plus sûres, plus fluides… et plus agréables pour tout le monde.

À qui s’adresse-t-il ?

  • À ceux qui roulent pour le plaisir, pas pour la performance
  • À ceux qui veulent organiser une sortie en toute sécurité
  • À ceux qui veulent mieux comprendre leur rôle dans un groupe
  • Aux motards qui roulent déjà en groupe, mais veulent rendre leurs balades plus fluides et sécurisées
  • À tous ceux qui pensent que rouler ensemble, c’est plus qu’un alignement de motos : c’est un engagement collectif
  • Et à tous ceux qui se disent “j’aurais bien aimé qu’on m’explique ça avant ma première balade à plusieurs”

Comment le lire ?

Ce guide est conçu pour être :

  • Lu une première fois dans son intégralité, pour en comprendre la logique globale
  • Consulté ensuite par thème, selon les besoins : rôle du leader, formation en rame, jalonnement, etc.

Il se veut vivant : tu peux y revenir, le discuter, le faire évoluer avec ton groupe. C’est un point de départ, pas une fin en soi.

Un cadre volontairement limité

Ce guide s’adresse aux groupes de moins de 50 motos.

Au-delà de ce seuil, une déclaration en préfecture est obligatoire, et des règles spécifiques s’appliquent (encadrement, itinéraire, sécurité…).

Il peut servir de base utile pour structurer une organisation plus grande, mais ne remplace pas la réglementation applicable aux événements motorisés déclarés.

De plus, par souci de sécurité et de lisibilité, ce guide recommande de limiter chaque groupe à une douzaine de motos.

Mieux vaut deux groupes bien organisés de 12 qu’un convoi mal structuré de 24.

Ce guide a été conçu pour un usage sur le territoire français.

Même s’il peut inspirer des pratiques dans d’autres pays, il est adapté au contexte réglementaire, routier et culturel français.

Attention : Il appartient à chaque lecteur de vérifier la compatibilité avec les règles locales avant toute adaptation ou diffusion à l’étranger.

“Moi, on ne m’a pas appris ça…”

Tu l’as peut-être déjà pensé ou entendu. Et c’est vrai : beaucoup de motards roulent en groupe sans jamais avoir été formés.

Ce guide ne prétend pas détenir la seule bonne façon de faire. D’autres pratiques existent, certaines très efficaces, d’autres moins. L’essentiel, c’est que tous les membres d’un groupe soient au clair sur les règles partagées avant de prendre la route.

On ne peut pas rouler ensemble si on ne se comprend pas ensemble.

Et son petit plus ?

Tu y retrouveras des parallèles avec l’aéronautique : vol en patrouille, briefing T.E.M.P.L.E., gestion des priorités façon "Aviate – Navigate – Communicate"…

Des analogies simples et parlantes, qui rappellent que rouler ensemble demande de la rigueur, de la confiance… et un peu d’élégance.

Remerciement

Ce guide n’existerait pas sans l’implication de quelques personnes, et en particulier Sébastien Mazan et Pascal Leconte.

Réutilisation – Licence Creative Commons

Ce guide est publié sous licence Creative Commons BY-NC 4.0, rappelez par le logo :

Cela signifie que tu es libre de :

  • Partager – copier, distribuer et transmettre le contenu,
  • Adapter – le modifier, le transformer, l’adapter à tes besoins,

À condition de respecter les règles suivantes :

  • Attribution : citer l’auteur original (Nicolas DUMAS),
  • Pas d’utilisation commerciale : ne pas en faire un usage lucratif,
  • Mentionner l’usage de l’IA : signaler que certains contenus ont été générés partiellement à l’aide d’une intelligence artificielle.

L’auteur ne peut retirer les autorisations concédées par la licence tant que tu appliques les termes de cette licence.

Pour plus d’informations : https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/deed.fr

Une suggestion, une remarque ?

Ce guide a été conçu comme un point de départ, pas comme une vérité absolue.

Si tu souhaites proposer une amélioration, partager une astuce, ou signaler une coquille, n’hésite pas à me contacter.

📧 ptitgrim[at]ndms.fr ou sur le compte instagram

Chaque retour est bienvenu pour faire évoluer Le P’tit GRIM… et améliorer nos balades à tous.

La moto en groupe : un état d’esprit

Avant de parler technique, posons les bases : Rouler en groupe, ce n’est pas juste partager une route. C’est changer de mentalité.

Trois piliers fondamentaux

Si tu utilises ce guide, c’est que tu souhaites organiser ou participer à une balade qui repose sur les valeurs suivantes :

  • C’est une balade, pas une course. Le plaisir prime sur la performance.
  • On respecte le Code de la route. Pas de passe-droit, pas d’improvisation risquée.
  • On privilégie le partage et la solidarité. Camaraderie, entraide, bienveillance : c’est le carburant du groupe.

On ne laisse personne derrière

L’un des principes fondamentaux d’une sortie moto en groupe est simple :

Personne ne doit rester seul.

  • En cas de panne, de chute ou de doute, le groupe s’adapte.
  • Si un motard ralentit, on ralentit avec lui.
  • Si quelqu’un est en difficulté, ce n’est jamais à lui seul d’assumer.

Ce fonctionnement implique un minimum d’organisation et de communication, mais il garantit la sécurité et l’inclusion de tous.

Adapter le groupe à la balade (et non l’inverse)

Toutes les balades ne sont pas compatibles avec tous les profils. Il est donc essentiel d’annoncer clairement les conditions attendues, idéalement avant le départ :

  • Niveau requis : débutant bienvenu ? réservé aux motards expérimentés ?
  • Permis : A2 accepté ? 125 autorisée ?
  • Style de conduite : “cool”, “dynamique”, “sportif”, “technique” ?
  • Type de moto attendu : trails, sportives, customs, roadsters ?

Exemples de formulations utiles :

  • “Balade tranquille – tout permis – 125cc bienvenues”
  • “Rythme soutenu – A2 déconseillé”
  • “Sortie duo – parcours roulant – pauses fréquentes”

Ne pas oser poser ces questions ou les formuler par peur de “froisser” est une erreur.

Mieux vaut exclure un malentendu que créer un accident.

Ce guide n’est pas pour tout le monde

Il existe des balades dont le principe est de “mettre gaz” entre deux points de pause, où chacun roule à son rythme et le groupe se reforme ensuite.

C’est une manière de faire. Ce n’est pas celle défendue dans ce guide.

Ici, on part du principe que :

Une balade en groupe, c’est un groupe. Point.

Responsabilité civile et couverture d’assurance

Même lors d’une sortie informelle, l’initiateur ou coordinateur de la balade peut être tenu pour responsable en cas d’incident. Ce n’est pas une responsabilité juridique au sens strict, mais une responsabilité civile ou morale, notamment si :

  • La sortie a été structurée (itinéraire défini, briefing, encadrement…),
  • L’organisateur a joué un rôle actif dans la formation ou la régulation du groupe,
  • Un tiers (piéton, automobiliste, passager) subit un dommage.

En cas d’accident, c’est l’assurance de chaque conducteur qui est mobilisée en premier lieu. Mais attention : Certaines assurances moto peuvent exclure la couverture si la balade s’apparente à une manifestation non déclarée, notamment :

Si le groupe dépasse 50 motos sans déclaration préfectorale (article R331-6 du Code du sport),

Si la sortie est annoncée publiquement (réseaux sociaux, affiche, événement Facebook, etc.),

Si des pratiques à risque ou interdites sont tolérées (balisage sauvage, non-respect du code).

Avant d’organiser une grosse sortie, vérifie les conditions générales de ton contrat d’assurance (et de ton passager), et assure-toi d’être en règle. Ce guide n’a pas vocation à couvrir les implications juridiques d’un événement organisé — mais te rappelle d’agir avec bon sens… et prudence.

Le roulage en rame.

Le roulage en rame est une technique de formation en quinconce optimisée pour la sécurité des groupes de motards. Elle a été développée par les escadrons mobiles de la Gendarmerie nationale (cocorico), et s’inspire directement des formations de vol militaire, notamment la Formation de Manœuvre Défensive (FMD).

L’expression « rouler en rame » vient de l’image des rameurs d’un bateau : chacun est décalé par rapport à celui de devant, mais tous avancent dans la même direction, de façon coordonnée.

Le principe : occuper la voie de façon coordonnée

Le roulage en rame consiste à diviser la voie de circulation en deux bandes longitudinales (gauche et droite), et à alterner les motos sur chaque bande de façon régulière. Le groupe forme ainsi un quinconce dynamique, qui offre :

  • Une visibilité maximale pour chaque motard
  • Des distances de sécurité efficaces

  • Une stabilité globale du groupe

Chaque motard se règle en fonction des deux motos devant lui :

  • Sur sa bande : il respecte la règle des 2 secondes de distance minimale.
  • Sur l’autre bande : il garde un contact visuel avec la moto juste devant lui, en évitant de rester dans son angle mort.

💡 Astuce pratique : Si tu vois le casque du motard devant toi dans son rétroviseur, c’est qu’il peut te voir aussi. (Image ci-contre)

Les règles de bon sens à respecter

La rame n’est pas un dogme. Il s’adapte à l’environnement, ou s’interrompt si nécessaire. Voici les règles essentielles :

  • En ville ou dans des voies étroites : si la chaussée ne permet pas deux bandes claires, on abandonne temporairement la rame.
  • En cas de trou dans la formation : si un motard change de bande (ex. : le leader déboîte), les motards de la même bande avancent pour combler l’écart — même si cela implique de dépasser une moto de l’autre bande. ➜ Cela peut surprendre : cette règle est peu connue, mais bien plus sûre que de changer de bande à tout va.
  • Chacun reste dans sa bande autant que possible. Un écart brusque peut surprendre le motard voisin. Mieux vaut ralentir que déboîter.

Et dans les virages ?

La rame n’a pas vocation à être maintenu dans les virages. Dès qu’un virage se présente, chacun adopte sa propre trajectoire de sécurité, quitte à quitter temporairement sa bande dans la formation.

La trajectoire prime sur la structure.

Cela permet :

  • De prendre le virage dans de bonnes conditions de visibilité
  • D’éviter de se retrouver collé à la bordure de la voie, ou en plein sur un danger

Exception possible :

Sur de grandes courbes ouvertes, larges et dégagées, certains groupes expérimentés peuvent conserver leur position en rame. Mais cette pratique doit rester exceptionnelle, et réservée à ceux qui savent ce qu’ils font.

🎯 Recommandation du guide : À l’approche d’un virage, on oublie la rame, on se concentre sur sa trajectoire. Le groupe se reforme à la sortie du virage, naturellement.

Figure : Le virage en rame

Éviter qu’une voiture s’insère

L’un des objectifs de la rame est de former un groupe cohérent. Il faut donc éviter de laisser un espace suffisant pour qu’une voiture puisse s’intercaler dans la file, car cela :

  • Brise la dynamique du groupe
  • Crée des risques de collision ou de confusion
  • Peut générer du stress inutile pour les conducteurs environnants

Gardez un espacement régulier et serré, sans sacrifier la sécurité.

Quand le groupe s’arrête

Lorsque le groupe s’arrête (feu rouge, pause, imprévu), toutes les motos doivent se ranger sur la bande de droite. Cela permet :

  • De libérer la bande de gauche
  • De faciliter la circulation d’un signaleur ou du serre-file
  • D’éviter un stationnement désordonné

Où doit se placer le leader ?

Il n’y a pas de règle absolue, mais voici deux écoles :

  • Gendarmerie : leader à droite, pour une formation plus discrète.
  • Associations de formation (ex : CASIM) : leader à gauche, pour maximiser sa visibilité et celle du groupe.

🎯 Recommandation du guide : Placez le leader à gauche, sauf raison particulière.

Chacun doit voir … et être vu

Chaque motard dans le groupe doit en permanence garder le contact visuel avec la moto qui le suit sur l’autre bande.

Cela vaut pour tous, y compris le leader.

Le groupe ne se pilote pas uniquement en regardant devant soi, il se régule aussi en observant ce qui se passe derrière.

Ainsi, si un maillon en fin de groupe ralentit (ex. : bloqué à un feu), le motard devant lui doit le remarquer, adapter son allure, et ainsi de suite jusqu’à la tête du groupe. Cela évite au groupe de s’étirer et de se disloquer.

La formation en rame fonctionne comme un organisme vivant : chaque élément ajuste son comportement en fonction du maillon derrière lui.

Organisation et constitution de la rame

Rouler en groupe ne s’improvise pas : la façon dont on constitue la rame a un impact direct sur la sécurité, la fluidité… et le ressenti de chacun pendant la balade.

L’ordre recommandé dans la constitution du groupe

Voici la configuration idéale à mettre en place au moment de former le groupe :

  • Leader, voir son rôle page 13.
  • Ailier, s’il y en a un (positionné sur la bande opposée au leader), voir son rôle page 15.
  • Signaleurs (motards de sécurité disponibles, positionnés en tête), voir son rôle page 21.
  • Motos les moins puissantes / motards les moins à l’aise
  • Autres motards
  • Serre-file, en dernière position, voir son rôle page 17.

Une fois la balade lancée, les signaleurs reviendront parfois juste devant le serre-file, après leur jalonnement. C’est normal — ils remonteront dès que possible, mais entre-temps, ils ne doivent pas être considérés comme des serre-files de remplacement.

Pourquoi cet ordre ? L’effet accordéon

Quand un motard freine légèrement à l’avant du groupe, celui qui le suit doit freiner un peu plus fort, car il met un temps à réagir. Inversement, lorsqu’un motard accélère, celui qui suit réagit en accélérant davantage pour ne pas se retrouver décroché.

C’est ce qu’on appelle l’effet accordéon. Difficile à percevoir sur 2 ou 3 motos, mais très net sur un groupe de 6-7 motos ou plus.

Conséquence :

  • Ceux à l’avant ressentent une balade fluide et paisible.
  • Ceux à l’arrière subissent un rythme plus haché, avec des relances fréquentes et plus de tension.

C’est pourquoi on place les motos les moins puissantes (125cc, A2 bridées) et les motards les moins expérimentés le plus à l’avant possible, juste après les signaleurs.

Figure : Une rame bien organisée

Groupe trop grand ? Mieux vaut scinder

Si tu n’as pas assez de signaleurs pour sécuriser un grand groupe, il est toujours préférable de diviser le groupe en deux sous-groupes cohérents, plutôt que d’avoir un convoi mal encadré.

Deux leaders + deux serre-files valent mieux qu’un convoi de 20 motos avec seulement deux signaleurs.

Pas de manœuvres dangereuses

Pour préserver la sécurité et la cohésion du groupe, certaines actions sont strictement proscrites lors d’une balade moto collective.

Le groupe est un espace de conduite partagée, pas une démonstration individuelle.

Certaines actions doivent être interdite pour préserver la sécurité de tous :

🚫 Dépassement entre membres du groupe

➜ Perturbe la structure de la rame et crée des surprises dangereuses.

🚫 Klaxon (hors danger immédiat ou panne)

➜ Génère du stress, et peut induire une mauvaise interprétation.

🚫 Freinages brusques non justifiés

➜ Risque d’accrochage ou d’intensification de l’effet accordéon.

🚫 Accélérations violentes et relances inutiles

➜ Accentuent la fatigue mentale et l’instabilité du groupe.

🚫 Cascades : wheeling, stoppie, burn…

➜ Complètement inadaptés à la conduite en groupe. Ils mettent en danger les autres sans rien prouver.

En groupe, on roule propre, lisible, prévisible. Ce n’est ni le moment, ni l’endroit, pour “jouer à faire le show”.

La rigueur dans le comportement est une forme de respect : envers le groupe, envers ceux qui te suivent… et envers ceux qui aimeraient rouler à nouveau la semaine suivante.

Le bon réflexe au départ

Au départ d’un parking ou d’un point de rendez-vous, il est recommandé que le leader s’avance légèrement, par exemple jusqu’à la sortie du parking, et attende d’avoir visuel sur le serre-file.

Cela lui garantit que :

  • Tous les motards sont prêts,
  • Le groupe est complet et en position,
  • Personne n’est encore en train de mettre ses gants ou fermer son blouson.

Cela implique deux choses :

  • Chaque motard rejoint le groupe uniquement lorsqu’il est prêt.
  • Le serre-file ne se met en position qu’une fois le groupe intégralement formé.

Une mauvaise pratique à éviter : le signaleur au milieu du groupe

Il arrive que certains signaleurs soient “positionnés à intervalles réguliers” dans le groupe.

Cette idée semble logique, mais n’a aucun intérêt tactique.

Un signaleur ainsi placé :

  • N’a aucune liberté de manœuvre,
  • Ne peut ni anticiper un jalonnement, ni remonter le groupe en sécurité,
  • Se retrouve inutile en cas de besoin critique à l’avant.

Il vaut mieux concentrer les signaleurs :

  • En tête, prêts à intervenir,
  • Et libres de leurs mouvements après leur jalonnement, en attendant une remontée vers l’avant.

Stop et cédez-le-passage : attention aux réflexes glissants

Dans les balades en groupe, il est courant de voir les motards :

  • “glisser” un stop ou un cédez-le-passage,
  • Ne marquer aucun vrai arrêt, se contentant de suivre le flux.

⚠️Problème : Cela incite les suivants à faire la même chose, Mais le jour où le motard devant toi marque réellement l’arrêt, tu es dans sa roue… et tu le percutes.

Pour éviter cela :

  • Ne colle jamais la moto devant toi à l’approche d’un stop.
  • Décale-toi légèrement pour garder une visibilité latérale.
  • Attends que la moto devant ait passé la ligne (roue avant) avant de faire ton propre contrôle.
  • Anticipe toujours un arrêt, même si la situation semble fluide.

Ce réflexe simple permet d’éviter l’une des causes d’accrochage les plus fréquentes lors des sorties en groupe.

Rôle clé : le leader

La personne en tête du groupe est ce qu’on appelle le leader. En anglais, “lead” signifie “conduire” : le leader est donc celui qui guide le groupe. J’utiliserai ce terme tout au long du guide, sans aucune arrière-pensée hiérarchique ou autoritaire — même si, parfois, il faut un peu de fermeté pour que ça roule.

Le leader donne le cap

Le leader est celui qui ouvre la route, donne le rythme, anticipe les dangers et prend les décisions. Il n’est pas là pour faire le plus beau trajet ou le plus rapide : il est là pour faire en sorte que le groupe reste un groupe, dans les meilleures conditions possibles.

Être leader, ce n’est pas être le meilleur motard. C’est être le plus fiable, le plus stable et le plus lucide à l’instant T.

La fonction prime sur le grade

Une des règles essentielles héritées de l’aéronautique (et qu’on retrouve dans les armées) est la suivante :

La fonction prime sur le grade.”

Autrement dit : peu importe ton expérience, ton âge ou ta moto. Quand quelqu’un est désigné leader, tu t’effaces et tu le suis, même si tu es plus expérimenté.

Dans les escadrons, on dit :

Le leader, fût-il simple lieutenant, donne des ordres à ses ailiers, même colonels.”

C’est une question de cohérence et de sécurité, pas d’égo.

Trois exceptions permettent de remettre en cause son autorité :

  • Si le leader te demande de l’aide
  • S’il te délègue explicitement un rôle
  • Si la sécurité du groupe est menacée

Le bon leader agit

En balade, le leader est sans cesse confronté à des imprévus : feu rouge qui tombe, route barrée, intersection ratée, météo qui change…

La pire erreur qu’un leader puisse faire, ce n’est pas de se tromper :

C’est de ne pas décider.

Un bon leader agit. Il ne reste pas figé. Il prend une décision, même imparfaite, et l’assume.

S’il faut s’arrêter, il le fait. S’il faut continuer, il le fait. S’il faut improviser, il le fait aussi.

Une mauvaise décision reste mieux que l’absence totale de décision.

Prévoir pour ne pas subir

Le stress du leader est réel. Il porte sur ses épaules une forme de responsabilité morale, parfois logistique, parfois émotionnelle. Pour l’atténuer, un seul mot d’ordre : anticipation.

Anticiper, c’est :

  • Préparer le tracé à l’avance
  • Définir un rythme, un niveau, un type de permis attendu
  • Se construire une échelle de valeurs claire (ex. : "je continue tant que tout le monde est visible", "je m’arrête dès qu’un feu nous sépare", etc.)

Une échelle de valeurs partagée rend tes décisions plus prévisibles pour le groupe — et donc plus fluides à suivre.

Leader, c’est prévoir

Prendre la tête d’un groupe, c’est plus qu’ouvrir la route :

C’est assumer une responsabilité.

Pas une responsabilité juridique ou morale au sens strict (chacun reste maître de sa conduite), mais une responsabilité tactique et mentale : celle de faire en sorte que tout le monde arrive à bon port, ensemble, en sécurité.

Et cela peut générer du stress. Même pour les plus aguerris.

Le stress du leader : normal… mais gérable

Il est normal de ressentir de la pression quand on prend le lead :

  • Vais-je me tromper de route ?
  • Est-ce que le rythme est trop lent ? Trop rapide ?
  • Et s’il y a un souci derrière ?
  • Est-ce que tout le monde suit ?

La meilleure réponse à cette pression, ce n’est pas l’improvisation. C’est la préparation.

Anticiper, c’est gagner en sérénité

Un bon leader est un leader prévoyant. Voici quelques éléments concrets à anticiper pour te faciliter la vie :

  • Préparer le tracé (et ses alternatives en cas de pépin)
  • Connaître les pauses prévues (essence, repas, repos)
  • Observer la météo, le trafic, l’état des routes
  • Identifier les points délicats (carrefours, zones urbaines, tronçons techniques)
  • Se fixer des règles claires, comme une échelle de valeur personnelle :

Je continue tant que je vois le serre-file.” “Je m’arrête si on perd une moto.” “Je ralentis si le groupe s’étire trop.”

Cette échelle peut aussi être partagée avec l’ailier, voire avec le groupe. Cela te rend prévisible et lisible — deux qualités précieuses à moto.

Prévoir ne supprime pas le stress, mais l’encadre

Certains te diront : “Prévoir, ça ne m’empêche pas de stresser…

Et ils ont raison.

Mais anticiper canalise le stress : au lieu de subir chaque imprévu, tu le maîtrises partiellement. Et surtout, tu t’offres de l’espace mental pour te concentrer sur l’essentiel : la conduite, le groupe, le plaisir.

Le bon leader n’élimine pas le stress. Il le transforme en vigilance utile.

Rôle clé : l’ailier

Dans une formation moto bien organisée, l’ailier est le second du leader. On peut le voir comme sa béquille, son ange gardien, ou encore son copilote mental.

Son rôle est crucial pour la stabilité du groupe, même s’il est souvent méconnu ou sous-estimé.

Sa position : juste derrière le leader

L’ailier roule immédiatement derrière le leader, sur l’autre bande de la formation en rame. Il ne le suit pas seulement physiquement : il le soutient, l’observe, le complète.

Un bon ailier :

  • Connaît le tracé ou est briefé sur l’itinéraire
  • Est attentif au rythme et à la dynamique du groupe
  • Est en communication fluide avec le leader (intercom, gestes, regards…)

Son rôle : anticiper, soulager, sécuriser

Le leader est concentré sur ce qui se passe dans les 30 prochaines secondes : circulation, trajectoire, virage, décision immédiate.

L’ailier, lui, regarde plus loin dans le temps :

Il pense à ce qui pourrait arriver dans les 5 prochaines minutes.

Cela signifie :

  • Repérer les difficultés à venir : bifurcation peu visible, ralentissement du groupe, route glissante...
  • Remonter les infos au leader : “On a perdu une moto”, “Le serre-file ne suit plus”, “Feu rouge derrière”
  • Aider à prendre les décisions : sans jamais remplacer le leader, il peut l’aider à trancher ou le sortir d’un doute.

Un leader réactif + un ailier proactif = un groupe fluide et serein

Une paire indissociable

Quand un leader et un ailier fonctionnent ensemble avec confiance et coordination, le groupe devient beaucoup plus stable, plus lisible, plus sécurisé.

En aéronautique, on met parfois des années à former un bon ailier. En moto, on en croise encore trop rarement.

Mais si tu as un ailier fiable, garde-le précieusement :

Il est ton miroir, ton renfort, ton garde-fou.

Rôle clé : le serre-file

En aéronautique, le dernier pilote d’une formation est appelé le charognard — surnom hérité de son rôle : “ramasser les morceaux” si un incident survient. À moto, ce rôle existe aussi : c’est celui qui ferme la marche, veille sur l’ensemble du groupe et s’assure que personne n’est laissé derrière.

Dans ce guide, nous emploierons le terme plus neutre et plus parlant de serre-file. Mais l’idée reste la même : sans serre-file, un groupe peut vite s’effilocher.

Sans serre-file, un groupe peut s'effilocher. Avec un bon serre-file, il devient solide comme une chaîne.

Sa position : toujours dernier

Le serre-file est désigné au départ, identifié par le leader, et reconnu par l’ensemble du groupe.

  • Personne ne le dépasse.
  • Il ne double jamais une moto du groupe en roulant.
  • Quand le leader le voit dans son rétro, il sait que tout le monde est là.

C’est le point de repère du leader pour évaluer la cohésion du groupe.

Son rôle : surveiller, alerter, rassurer

Le serre-file est un veilleur. Il doit être capable de :

  • Repérer un motard isolé, en difficulté ou arrêté
  • Faire remonter l’information au leader (via intercom, appel ou arrêt du groupe)
  • S’arrêter si nécessaire pour porter assistance
  • Prendre temporairement le relais en cas de groupe scindé (voir plus bas)

Il est idéalement équipé :

  • D’un gilet haute visibilité pour être bien repéré
  • D’un moyen de communication fiable
  • D’une connaissance minimale du tracé

En cas de coupure du groupe

Si le groupe est coupé en deux (feu rouge, erreur de direction…), le serre-file devient leader par intérim de la partie arrière.

Il doit alors :

  • Adopter une conduite calme
  • Décider d’un point de regroupement
  • Prévenir le leader dès que possible
  • Désigner un nouveau serre-file temporaire, le temps qu’il reprenne sa place initiale

Une règle simple : s’il n’est plus à l’arrière, il nomme un remplaçant.

Bonnes pratiques

✔️ Porter un gilet réfléchissant distinctif

✔️ Avoir une moto reconnaissable ou un signe distinctif clair

✔️ Être proactif sans être intrusif

✔️ Être capable d’intervenir avec calme et discernement

Le serre-file est le gardien invisible du groupe. Souvent discret, parfois oublié… mais absolument indispensable.

Astuce : passer une intersection sans signaleur

Toutes les balades ne disposent pas de signaleur pour jalonner les carrefours. Pourtant, certaines intersections demandent que le groupe reste compact pour éviter d’être coupé. Voici une astuce simple et efficace qui repose sur la logique du groupe et le rôle clé du serre-file.

Le leader s’arrête… volontairement

Lorsque le groupe s’approche d’une intersection délicate, le leader peut décider de s’arrêter juste avant, en bord de route ou dans un emplacement sécurisé.

Ce comportement inhabituel (un arrêt sans raison évidente) a un objectif :

Déclencher la réaction du serre-file.

Le serre-file remonte

En voyant que le groupe est à l’arrêt sans cause immédiate, le serre-file — dont le rôle est justement d’observer ce type d’anomalie — remontera naturellement la file pour s’informer.

Une fois à la hauteur du leader, celui-ci peut lui demander de sécuriser l’intersection, même temporairement, afin que tout le groupe puisse passer d’un seul bloc.

C’est une astuce simple, mais qui fonctionne à condition que :

  • Le serre-file soit identifiable et conscient de son rôle
  • Le groupe reste bien aligné sur la droite, pour lui laisser le passage
  • Le briefing préalable ait évoqué cette possibilité

Pourquoi ça fonctionne

Cette méthode permet :

  • De garder le groupe uni sans improviser de jalonnement sauvage
  • De limiter les risques de coupure ou de confusion
  • D’éviter des manœuvres illégales ou dangereuses de rattrapage après l’intersection

Elle ne remplace pas un signaleur, mais elle montre qu’un groupe organisé, attentif et solidaire peut s’adapter sans matériel spécifique.

Cas particuliers : serre-file et voie rapide

Le serre-file ne se contente pas de fermer la marche. Sur certaines portions de route, notamment en voie rapide, il peut jouer un rôle actif et stratégique, en coordination avec le leader.

Insertion sur voie rapide

L’insertion d’un groupe sur une voie rapide est un moment critique. Deux risques majeurs :

  • Que des véhicules s’intercalent dans le groupe en remontant par la voie d’insertion.
  • Que les motos s’insèrent de manière désorganisée, brisant la structure du groupe.

💡 Astuce : Utiliser toute la longueur de la voie d’insertion, et laisser le serre-file s’insérer en premier.

Ainsi :

  • Le serre-file se place en tête de la voie d’insertion.
  • Il s’insère en premier, créant une protection à l’arrière du groupe.
  • Le leader suit, puis le reste du groupe s’engage dans l’ordre et de façon fluide.

Cette manœuvre demande coordination et communication entre le leader et le serre-file. Elle ne doit jamais forcer le passage ni gêner la circulation.

Changement de voie en groupe

Le changement de voie (ex. : doubler un véhicule lent ou sortir d’une voie rapide) peut être préparé par le leader, mais sécurisé par le serre-file.

Procédure recommandée :

  • Le leader indique son intention (clignotant ou radio).
  • Le serre-file se déporte en premier sur la nouvelle voie.
  • Il crée un espace sécurisé, empêchant les véhicules de s’insérer entre les motos.
  • Le groupe suit, en bloc.

Ce système évite les coupures, renforce la lisibilité du groupe, et sécurise le mouvement. Là encore, tout repose sur une bonne synchronisation.

Prévenir les dangers à l’arrière

Le serre-file est souvent le premier à percevoir un danger venant de l’arrière ou des côtés :

  • Réduction du nombre de voies
  • Arrivée sur échangeur multivoies
  • Comportement agressif d’un conducteur

Dans certains cas, le serre-file peut prendre temporairement l’initiative :

  • Se décaler sur une autre voie pour éviter qu’un véhicule ne vienne s’intercaler
  • Prévenir le groupe via radio ou signe
  • Protéger le groupe en absorbant la pression arrière

Ces initiatives ne sont pas systématiques, ni obligatoires. Elles reposent sur le jugement du serre-file, qui est le mieux placé pour évaluer la situation.

Mais une règle reste inaltérable :

Le serre-file ne doit jamais augmenter la sécurité du groupe au détriment de la sienne.

Rôle complémentaire : les signaleurs

Dans certaines balades, notamment lorsqu’elles impliquent de nombreux participants ou des traversées de zones urbaines, il peut être utile d’ajouter des signaleurs. Leur rôle est exclusivement lié au jalonnement, c’est-à-dire à la sécurisation temporaire d’intersections ou de portions de route, afin de maintenir la cohésion du groupe.

Cependant, soyons clairs : s’il faut choisir entre affecter des motards au jalonnement ou désigner un bon ailier et un bon serre-file, ces deux derniers doivent être prioritaires. Le rôle de signaleur est un complément, pas une base.

Certains parlent de « jalonneur » ou de « motard de sécurité », mais dans ce guide, nous utiliserons le terme signaleur, en cohérence avec le vocabulaire des autorités françaises.

Leur rôle : jalonner sur demande

Les signaleurs se positionnent juste derrière le leader (ou derrière l’ailier si ce rôle existe). Ils n’interviennent que sur demande du leader, et uniquement pour sécuriser temporairement un point de passage (intersection complexe, rond-point, changement de file, etc.).

Ils laissent passer l’intégralité du groupe, et une fois le serre-file passé, ils reprennent leur place devant lui. En aucun cas un signaleur ne doit rester derrière le serre-file, qui représente toujours l’extrémité du groupe.

Retour en tête de groupe

Une fois leur mission de jalonnement effectuée, les signaleurs doivent revenir à l’avant du groupe. Plusieurs options existent :

1. Remontée de file (en mouvement)

Souvent utilisée car rapide, elle consiste à remonter le groupe en doublant les motos en circulation. Cette méthode, bien qu’efficace, comporte des risques importants :

  • Tu t’exposes à des véhicules venant en face si la visibilité est mauvaise.
  • Tu n’es pas certain de pouvoir te rabattre en sécurité.
  • Tu génères une tension dans le groupe, en rompant l’ordre établi.

Utilise-la uniquement si tu la maîtrises parfaitement et que les conditions s’y prêtent.

2. Remontée à l’arrêt (plus sécurisée)

Lors d’un arrêt du groupe (feu, carrefour, pause), le leader peut attendre volontairement que les signaleurs remontent tranquillement. Cela suppose :

  • Que toutes les motos soient bien serrées à droite.
  • Que les signaleurs soient visibles et anticipent leur remontée.
  • Que le leader attende leur retour avant de repartir.

Ce mode de remontée est à privilégier pour la sécurité de tous, mais nécessite un briefing clair en amont pour que tout le monde sache quoi faire.

Rappels légaux et de bon sens

Certaines pratiques utilisées dans ce contexte, bien que tolérées dans les faits, restent illégales ou dangereuses :

🚫 Remonter la file peut être assimilé à une circulation à contresens, surtout si elle implique le franchissement de ligne médiane. Elle est passible de :

  • 6 points de retrait sur le permis
  • Jusqu’à 3 ans de suspension

🚫 Utiliser des gyrophares, des feux clignotants ou des avertisseurs sonores est strictement interdit pour les civils. Même les feux de détresse doivent être utilisés avec parcimonie.

🚫 L’usage d’un sifflet est assimilé à une usurpation de fonction (police), passible de 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (article L433-12 du Code pénal).

🚫 Laisser sa moto sur la voie de circulation pour descendre baliser est à proscrire : si ta moto est percutée, tu es entièrement responsable.

Bonnes pratiques

✔️ Chaque signaleur doit être clairement identifiable : gilet haute visibilité, couleur différenciante, moto repérable.

✔️ Les rôles doivent être clairement définis au briefing (qui balise, quand, comment ?).

✔️ Toujours être en mesure de libérer la voie immédiatement, sans devoir déplacer la moto à la main.

✔️ Préférez un positionnement en épi, guidon tourné vers la sortie, pour voir venir les véhicules et redémarrer rapidement.

✔️ Agissez toujours avec courtoisie : un motard qui balise ne doit jamais imposer, mais plutôt protéger sans provoquer.

En résumé

Le rôle du signaleur est utile, mais encadré. Il n'est jamais au-dessus des lois, et sa fonction doit toujours servir la sécurité du groupe sans compromettre celle des autres usagers.

Jalonnement ≠ autorité. Jalonnement = responsabilité.

Le jalonnement : manœuvre utile, mais à manier avec précaution

Le jalonnement consiste à bloquer temporairement un axe prioritaire pour permettre au groupe de motos de traverser une intersection sans être coupé.

C’est une pratique courante dans les balades en groupe… mais pas légale en tant que telle.

Le jalonnement repose sur une tolérance implicite des forces de l’ordre — tolérance qui disparaît dès qu’il y a abus, danger ou accident.

Ce que dit (ou ne dit pas) la loi

Sauf arrêté préfectoral spécifique (par exemple pour une manifestation ou un rallye officiel), aucun motard civil n’est autorisé à bloquer la circulation.

En cas d’incident, le motard qui jalonne est entièrement responsable :

  • S’il provoque un accident
  • S’il empêche un usager prioritaire de passer
  • S’il n’est pas en mesure de libérer rapidement la voie

📌 Article L412-1 du Code de la route – entrave à la circulation :

  • 2 ans de prison
  • 4 500 € d’amende
  • 6 points en moins
  • 3 ans de suspension de permis
  • Immobilisation et mise en fourrière du véhicule

Ce guide ne recommande pas de pratiquer le jalonnement. Il décrit les bonnes pratiques pour celles et ceux qui choisiraient d’y recourir en conscience.

Les bonnes pratiques en cas de jalonnement

Si tu décides de baliser malgré tout, voici les règles impératives à suivre :

  • NE PAS interrompre un flux dense : ➜ Ne t’interpose jamais dans un trafic rapide ou continu.
  • NE PAS baliser sans être vu : ➜ Assure-toi que le conducteur qui arrive t’a vu, t’identifie clairement, et a le temps de freiner sans danger.
  • NE PAS bloquer un véhicule prioritaire : ➜ Ambulance, pompiers, police : priorité absolue.
  • NE PAS utiliser tes feux de détresse : ➜ Ce n’est pas une situation de détresse mécanique.
  • NE DESCEND JAMAIS de ta moto si elle est sur la voie : ➜ Si ta moto est percutée pendant que tu es à pied, tu seras 100 % en tort.

Comment jalonner efficacement et en sécurité

  • Positionne-toi en épi, dans le sens de la circulation, prêt à redémarrer immédiatement, voir les cas pratiques page 35 et suivantes.
  • Utilise tes rétroviseurs et un contrôle visuel constant
  • Reste mobile, tourne le torse, fait des signes clairs
  • Porte un gilet haute visibilité
  • Préfère les gestes ouverts et respectueux aux postures autoritaires
  • Remercie systématiquement les usagers qui patientent

Le but du jalonnement n’est pas d’imposer. C’est de protéger temporairement, sans jamais créer de nouveaux dangers.

En résumé

Le jalonnement est une manœuvre à haut risque, à réserver à des situations bien identifiées, avec discernement, et dans une logique de sécurité partagée.

Il n’est ni légal, ni anodin. Mais s’il est pratiqué avec méthode, calme et respect, il peut parfois éviter des coupures dangereuses du groupe.

💡 N'oubliez jamais : Une moto en travers de la route, c’est une cible. Une moto bien placée, c’est une protection.

Aviate – Navigate – Communicate : la règle d’or des priorités

En aéronautique, on enseigne une règle simple et vitale aux pilotes :

Aviate – Navigate – Communicate

Cette séquence rappelle l’ordre de priorité absolu lorsqu’un imprévu survient ou que la charge mentale augmente. Elle s’applique parfaitement à la conduite moto, surtout en groupe.

1 – Aviate : maîtriser sa conduite

D’abord, pilote ta moto.

Avant toute autre chose, ta priorité absolue est de garder le contrôle de ta machine :

  • Posture et équilibre
  • Trajectoire et regard
  • Freinage et accélération
  • Vigilance à l’environnement immédiat

Un motard qui essaie de parler à l’intercom, de faire des signes ou de chercher une sortie GPS sans maîtriser sa conduite devient instantanément un danger pour lui-même et pour le groupe.

2 – Navigate : garder le cap

Ensuite, assure-toi d’être au bon endroit.

Une fois ta moto sous contrôle, il faut :

  • Te situer dans le groupe (Rame, position, rôle)
  • Repérer les intersections, les signaux du leader
  • Adapter ton allure pour rester dans le bon rythme et respecter les distances de sécurité

C’est ici que tu t’assures de ne pas perturber le fonctionnement du groupe.

3 – Communicate : transmettre l’info

Enfin, si tout est stable, communique.

C’est le dernier étage de la fusée :

  • Faire des signes de la main (danger, pause, ralentissement…)
  • Répondre à l’intercom
  • Donner une alerte ou remonter une information

La communication est utile, bien sûr — mais jamais au détriment de ton pilotage ou de ton positionnement.

Une discipline mentale simple et précieuse

Quand on roule en groupe, la tentation est grande de vouloir “gérer tout en même temps”. Mais cette approche multitâche est contre-productive, voire dangereuse.

En appliquant AviateNavigateCommunicate, tu te protèges, et tu protèges le groupe par ta stabilité.

Et si un souci survient ?

  • Ralenti
  • Trouve un endroit sûr
  • Béquille
  • Puis communique

Communication en groupe

La communication à moto se fait principalement par comportement et gestes visuels. Mais attention : mal communiquée, une information devient un danger.

La première communication, c’est ta conduite

Avant même les signes, la meilleure façon de communiquer, c’est de rouler proprement :

  • Conduite fluide et prévisible
  • Respect des distances et du Code de la route
  • Utilisation des clignotants et du placement sur la voie

Les gestes motards sont utiles, mais ne doivent jamais remplacer la signalisation classique.

💡 Règle d’or : On signale d’abord avec la moto (clignotants, ralentissement, placement) Puis, si nécessaire, on ajoute un geste clair, ample et lisible

Une belle balade, c’est comme une partition bien jouée :

On ne fait pas du bruit, on reste en rythme.

Relayer un geste ? Oui… mais pas n’importe comment

On voit souvent des motards reproduire par réflexe un geste vu devant eux, pensant bien faire. Mais un geste mal relayé peut semer la confusion, voire créer du danger.

Voici trois règles simples pour relayer un signal intelligemment :

  • Priorisez toujours ta conduite ➜ Si tu n’es pas à l’aise, ne fais pas de signe. Mieux vaut un motard stable qu’un motard maladroit.
  • Un signe = “Je vois un danger” ➜ Si tu ne vois rien, ne signale rien. Sinon, tu induis les suivants en erreur.
  • Un signe doit être fait à proximité du danger ➜ Si tu relayes le geste trop tôt, le danger ne correspondra plus au moment du signal, et les derniers du groupe risquent de baisser leur vigilance trop tôt, ou d’être surpris au mauvais moment.

L’exception : les messages collectifs

Certains gestes doivent obligatoirement être relayés, car ils concernent tout le groupe. C’est le cas par exemple du poing levé pour annoncer un arrêt imminent.

Dans ce cas :

  • Si tu le vois, tu le passes.
  • Ce n’est plus une observation personnelle, c’est de la transmission d’information.

Une astuce simple et efficace

💡 Astuce : Quand tu vois un danger, fais le signe en l’approchant, et maintiens-le jusqu’à être à sa hauteur.

Le moment où tu cesses le geste devient un repère visuel clair pour les suivants :

“C’est ici que ça se passe.”

C’est un excellent moyen d’être précis sans parler, et d’augmenter la lisibilité pour le reste du groupe.

Les bases de la signalisation

À moto, les gestes sont un langage à part entière. Mais pour qu’ils soient compris, ils doivent être clairs, cohérents et utilisés à bon escient.

Rappels fondamentaux

  • Un geste doit être visible : ample, propre, sans hésitation
  • Il doit être utilisé uniquement quand nécessaire
  • Il ne remplace jamais un clignotant, un coup d’œil ou un bon placement

Geste d’alerte : obstacle au sol

  • Jambe ou main gauche tendue vers le sol → Obstacle à gauche (gravier, trou, etc.)
  • Jambe ou main droite tendue vers le sol → Obstacle à droite
  • Les deux jambes tendues vers le sol → Obstacle sur toute la voie

Le pied reste tendu et plat, sans déséquilibrer la moto

Geste d’information

  • Poing levé → Arrêt imminent du groupe
  • Bras gauche décrivant un grand cercle horizontal → “On fait demi-tour”

Ces gestes sont uniquement à l’initiative du leader.

Astuce : un bon geste, c’est un geste compris

N’inventez pas de nouveaux signes. Respectez les conventions utilisées dans ton groupe. Et si un geste est incompris ou mal transmis, on s’arrête au prochain point prévu pour s’expliquer.

En résumé

  • La communication visuelle est essentielle, mais doit rester au service de la sécurité
  • Il vaut mieux un bon pilote qu’un mauvais interprète
  • Ne relaye que ce que tu as compris et confirmé
  • Utilisez les gestes au bon moment, pas par automatisme

Un signe mal placé peut tromper tout un groupe. Un motard attentif et cohérent protège ceux qui le suivent.

Un briefing qui protège le groupe

Un bon briefing, c’est simple et clair

Un briefing n’est pas une conférence.

L’objectif, ce n’est pas de tout dire — c’est que tout le monde comprenne l’essentiel.

Plus un briefing est long, plus il y a de chances que :

  • Certains décrochent,
  • Les messages clés se noient dans le reste,
  • L’information ne circule plus au sein du groupe.

Trois principes à garder en tête :

  • Soyez concis : une idée = une phrase.
  • Utilisez des mots simples : tout le monde n’a pas le même niveau d’expérience.
  • Vérifiez que les rôles et règles sont compris : c’est ça, le plus important.

Mieux vaut un briefing simple, clair et partagé qu’un discours technique dont personne ne se souvient après avoir démarré les moteurs.

T.E.M.P.L.E. : un briefing qui protège le groupe

Avant un vol en patrouille, les pilotes se réunissent pour un briefing structuré. Ce moment est sacré : il permet de partager les informations essentielles et de créer une vision commune.

En moto, le besoin est le même :

Un bon briefing avant la balade améliore la sécurité, la fluidité… et le plaisir.

Le moyen mnémotechnique T.E.M.P.L.E. t’aide à ne rien oublier.

T – Threats (Menaces)

Quels sont les risques anticipés pour la balade ?

  • Zones de travaux, gravillons, chaussée glissante
  • Météo instable, chaleur ou froid extrême
  • Fatigue prévue en fin de journée
  • Passage par des zones à fort trafic

L’objectif est de partager les points de vigilance pour que chacun soit mentalement préparé.

E – Environment (Environnement)

Quel est le contexte global de la sortie ?

  • Type de routes : montagne, plaine, ville, mixte ?
  • Conditions météo et température attendues
  • Durée estimée : courte, demi-journée, journée complète ?

Cela permet à chaque participant d’adapter son équipement, son rythme et sa concentration.

M – Mission (Objectif)

Quel est le but de la balade ?

  • Rouler cool pour profiter du paysage ?
  • S’entraîner à rouler en rame ?
  • Balade dynamique entre motards expérimentés ?
  • Sortie mixte avec passagers ?

En connaissant l’intention, chacun peut ajuster son comportement et ses attentes.

P – Personnel (Participants)

Qui compose le groupe ?

  • Y a-t-il des débutants ? des passagers ?
  • Des motos A2, des 125cc, des customs ou des sportives ?
  • Qui est leader ? Qui est serre-file ? Y a-t-il des signaleurs ? Des ailiers ?

Ce point permet de clarifier les rôles et de prendre soin des profils plus vulnérables.

L – Logistics (Logistique)

Quels sont les aspects pratiques à connaître ?

  • Est-ce que tout le monde a fait le plein ?
  • Où sont prévues les pauses (essence, repas, café, photo…) ?
  • Comment se fait la navigation (GPS partagé, leader seul…) ?
  • Quels sont les numéros d’urgence à appeler en cas de problème ?

Une bonne logistique, c’est moins d’imprévus, et plus de sérénité.

E – Emergency (Urgence)

Que faire en cas de pépin ?

  • Perte d’un motard : où se regroupe-t-on ?
  • Chute ou panne : qui intervient ? comment prévenir ?
  • Groupe scindé : on s’arrête ? On poursuit jusqu’à un point fixe ?

Ce sont des scénarios qu’on espère ne pas vivre, mais pour lesquels il vaut mieux être préparé à l’avance.

En résumé

T.E.M.P.L.E. est un outil simple, mais puissant. En quelques minutes, il t’aide à :

  • Clarifier la sortie
  • Rassurer les participants
  • Donner du sens au groupe

Mieux vaut un briefing simple, clair et partagé, qu’un discours technique dont personne ne se souvient après avoir démarré les moteurs.

“Sois une plateforme stable” : la clé de la prévisibilité

En patrouille aérienne, c’est l’un des premiers principes enseignés à un leader :

“Sois une plateforme stable.”

Pourquoi ? Parce que la stabilité crée la prévisibilité. Et la prévisibilité, c’est le fondement de la sécurité collective.

Ce principe est parfaitement transposable à la moto en groupe.

Le groupe suit ton comportement, pas ton intention

Quand tu es en tête (ou même simplement dans le flux du groupe), ta conduite influence directement les motards derrière toi.

  • Un freinage sec oblige les suivants à réagir vite.
  • Une accélération brutale tend l’écart entre les motos.
  • Un changement de trajectoire brusque peut créer un désordre dans la rame.

Tu n’es pas seul. Tu es un repère dynamique.

Deux règles simples pour rester stable

  • Des mouvements souples et progressifs ➜ Virages larges, changement de file anticipé, regard posé loin devant.
  • Des accélérations et freinages doux ➜ Pas de coup de gaz inutile, pas de freinage d’urgence sauf impératif.

Cela permet aux autres :

  • D’avoir plus de temps pour réagir
  • De rester confortablement positionnés
  • De réduire leur charge mentale (moins de stress = meilleure attention)

La lisibilité évite la panique

Un ralentissement doux peut suffire à signaler un danger. Un léger décalage de trajectoire peut alerter sur une chaussée sale.

Ta conduite parle, même sans gestes.

En devenant prévisible, tu deviens lisible, et donc sécurisant pour le groupe.

Anticiper pour ne pas surprendre

Cette stabilité nécessite une chose : l’anticipation.

  • Prend tes distances.
  • Observe l’environnement.
  • Identifie les pièges potentiels avant d’y être confronté.

La plateforme stable, ce n’est pas celui qui freine fort pour éviter le danger, c’est celui qui l’a vu venir… et l’a évité sans que personne ne s’en aperçoive.

Préparer ta balade

Une balade moto, ça ne s’improvise pas. Un minimum de préparation te permettra d’éviter bien des galères et de t’assurer que tout le monde prenne du plaisir en roulant ensemble.

Point de départ et d’arrivée

  • Le rendez-vous : choisis un lieu facile à trouver, avec un parking adapté et, si possible, une station-service à proximité pour permettre à chacun de faire le plein avant le départ.
  • L’arrivée : pense à un endroit où plusieurs motos peuvent stationner sans gêner, et où vous pourrez vous dire au revoir dans de bonnes conditions.

Le parcours

  • Adapte l’itinéraire au type de motos attendues et au niveau du groupe : un trail ne roule pas comme une sportive, et des virolos serrés peuvent mettre en difficulté des débutants.
  • Évite les zones connues pour les bouchons ou les travaux (un coup d’œil à la carte la veille et le matin même peut sauver la journée).
  • Prévoie un plan B (raccourci ou échappatoire) si le groupe prend du retard, si la météo se dégrade ou si un souci mécanique survient.

Applications et outils pratiques

  • Des applis spécialisées comme CalimotoLiberty Rider, ou encore le récent et français 68°, facilitent la création et le partage d’itinéraires adaptés aux motos.
  • Le format GPX est la référence pour partager les parcours : la plupart des GPS et applis le lisent sans problème.
  • Prévois aussi une version papier ou une capture de carte, au cas où la technologie te lâcherait.

Gestion du temps

  • En respectant les limitations de vitesse et en restant sur les routes secondaires, la vitesse moyenne d’une balade moto est d’environ 60 km/h. ➜ Astuce simple : 1 km = 1 minute.
  • Pour un grand groupe ou en zone vallonnée, compte plutôt 50 km/h de moyenne.
  • Intègre toujours une petite marge de manœuvre (10 à 15 minutes toutes les 2 heures) pour gérer les imprévus.

Les pauses

  • Prévois une pause toutes les 2 heures, pour te reposer, boire, et vérifier les motos.
  • Choisis des arrêts avec un minimum de commodités : stationnement, toilettes, boissons.
  • Préviens à l’avance les établissements si vous comptez déjeuner ou prendre un café à plus de 10 motos.

Sécurité et anticipation

  • Vérifie la météo la veille et le matin même pour adapter l’équipement et les pauses (pluie, forte chaleur…).
  • Aie dans le groupe une trousse de premiers secours, un kit de réparation rapide, et note un numéro d’assistance.
  • Rappelle-toi de vérifier ta moto avant le départ (pneus, freins, niveaux) et d’avoir tes papiers et ton assurance.

La publication de la balade

Si tu annonces ta sortie (sur un forum, un groupe ou un événement), fais une description claire et complète pour que chacun sache à quoi s’attendre. Indique par exemple :

  • Point de départ et heure (plein d’essence fait).
  • Point d’arrivée ou zone approximative (utile pour ceux qui doivent repartir tôt).
  • Durée et distance prévues (en intégrant les pauses).
  • Type de routes (virolos, roulantes, mixte, urbain, etc.).
  • Rythme attendu (cool, dynamique, adapté A2, passagers bienvenus…).
  • Pauses prévues (essence, repas, café).
  • Rôles désignés si tu en as (leader, serre-file, signaleurs).

💡 Une description détaillée, ce n’est pas un roman : C’est une façon de rassurer, d’attirer les bons participants, et d’éviter les malentendus.

En préparant ta balade avec soin et en la décrivant clairement, tu gagnes en sérénité avant même d’avoir démarré le moteur.

Cas pratique 01 – Insertion dans un rond-point

Le déroulé type

L’insertion d’un groupe de motos dans un rond-point est une manœuvre délicate. Elle demande coordination, anticipation, et, si possible, l’intervention de signaleurs.

Le rôle du serre-file

Lorsque le serre-file entre dans le rond-point, il doit être attentif à ne pas précéder les signaleurs encore en place.

À chaque entrée qu’il dépasse :

  • Il laisse passer le signaleur affecté à cette entrée.
  • Il reste le dernier motard du groupe.

Cela garantit que :

  • Le leader garde le visuel complet sur la formation,
  • Le serre-file reste identifiable pour le leader,
  • Les signaleurs peuvent reprendre leur place en toute sécurité après leur mission.

Astuces si effectif réduit

➡️ S’il n’y a qu’un seul signaleur, il peut suffire à baliser la première entrée du rond-point, le temps que le groupe s’engage. Cela limite l’exposition du groupe tout en conservant une certaine fluidité.

➡️ S’il n’y a aucun signaleur, le serre-file peut remonter le groupe et assurer lui-même le jalonnement. Il intervient alors comme un signaleur temporaire, puis reprend sa position en fin de groupe une fois la manœuvre terminée.

⚠️ Dans ce cas, le groupe doit :

  • s’immobiliser si besoin pour permettre au serre-file de remonter en sécurité
  • attendre son retour en fin de file avant de reprendre la route

Ces solutions de secours doivent être utilisées avec discernement, en fonction du contexte (trafic, visibilité, sécurité), et jamais au détriment de la stabilité du groupe.

Le déroulé complet en images

Arrivé sur le rond-point (1), le premier signaleur passe devant le leader (2) pour baliser et permettre l’insertion sur le rond-point (3). Le second signaleur fait de même (4) et ainsi de suite (5) jusqu’à trouver la sortie (6). Quand le serre-file s’insère, il laisse passer le signaleur devant lui (7), et ainsi de suite jusqu’à trouver la sortie (8 à 12).

Cas pratique 02 – Regroupement Sécurité

En arrivant au stop (1), le groupe se sert sur la demi-bande de droite (2,3), permettant aux signaleurs à l’arrière de rejoindre l’avant en toute sécurité (4,5) pour préparer le franchissement du stop (6)

Cas pratique 03 – Stop à gauche

A l’invitation du leader, le 1er signaleur traverse (6) pour baliser la voie opposée (7), puis le leader s’élance (8), le 2nd signaleur se positionne pour baliser la voie adjacente (9), le reste des signaleurs avancent (10), puis le reste du groupe s’élance (11). Remarquez comme chacun reprend sa place dans la formation en rame à la fin.

Une fois le groupe passé (12) le serre-file va venir se positionner (14) de façon à relever le 1er signaleur (15), qui va pouvoir libérer la voie (16) puis le 2nd signaleur va pouvoir lui aussi libérer sa voie (17) avant que le serre-file ne ferme la marche (18).

Astuce si effectif réduit

➡️ S’il n’y a aucun signaleur, le serre-file peut remonter le groupe et assurer lui-même le jalonnement. Il intervient alors comme un signaleur temporaire, puis reprend sa position en fin de groupe une fois la manœuvre terminée.

⚠️ Dans ce cas, chaque motard doit être conscient que le jalonnement n’est pas optimal

Cas Stop à Droite

➡️ S’il le groupe tourne à droite, il n’est pas nécessaire de bloquer l’autre voie.

Cas pratique 04 – Ecluse

A l’arrivée dans une écluse le leader respecte la priorité de passage, idéalement il s’assure de pouvoir passer lui et un signaleur, pour mettre en place le jalonnement.

Il s’engage alors dans l’écluse.

Suivi par tout le groupe, pour conserver l’unité du groupe.

En sortie de l’écluse la rame se reforme, à l’exception du premier signaleur qui va se mettre en position de jalonnement à l’entrée opposée de l’écluse.

Il permet ainsi à tout le groupe de passer l’écluse d’un bloc et de se reformer ensuite.

Attention : sur ce schéma, le signaleur est très proche de l’écluse, il peut être intéressant de le positionner un peu plus loin (notamment pour éviter les gravas souvent présent proche des zébras).

Une fois le groupe passé, le serre-file prend soin de laisser la place au signaleur de venir se positionner devant lui.

Le signaleur repart alors devant le serre-file.

Le groupe a pu passer.

Conclusion – Rouler ensemble, c’est bien plus que rouler à plusieurs

Ce guide n’a pas vocation à fixer des règles figées, ni à distribuer des bons points. Il est né d’une conviction simple :

La balade moto en groupe, c’est un art qui se cultive.

Un équilibre entre plaisir, sécurité et camaraderie, qui ne tient pas à la machine ni à l’expérience, mais à l’état d’esprit qu’on y met.

Ce qu’il faut retenir

  • Le leader donne le cap, pas des ordres. Il agit, anticipe, fédère.
  • L’ailier est son miroir, sa béquille, son regard étendu.
  • Le serre-file veille à l’arrière, rassure et garantit l’unité du groupe.
  • Les signaleurs ne remplacent pas l’attention collective.
  • La formation en rame est un outil, pas un dogme : on l’utilise intelligemment.
  • Le briefing T.E.M.P.L.E. donne à chacun les clés pour comprendre la sortie.
  • AviateNavigateCommunicate guide nos réactions quand tout s’accélère.
  • La stabilité est une forme de bienveillance : elle rend le groupe plus fort.

Et surtout…

Si quelqu’un se perd : on ne laisse personne. Si on part ensemble, on revient ensemble. On roule ensemble, pour le plaisir… et avec respect.

« La liberté commence là où finit ta peur. »

Rouler ensemble, ce n’est pas juste partager une route. C’est apprendre à se coordonner, à se faire confiance, à rouler pour les autres autant que pour soi.